Sunday, June 2, 2013

En avant la musique : conversation avec Samuel Blais


En vue du lancement du web-documentaire Jazz Petite-Bourgogne en juin, cette série d'entrevues expose la vision de créateurs du projet, en plus de partager l'enthousiasme d'acteurs de la scène musicale et du domaine des médias. Entretien jazzé avec le saxophoniste québécois Samuel Blais.


Samuel Blais
À quel moment de votre vie vous êtes-vous intéressé au jazz?
J'ai commencé à jouer du saxophone dès l'âge de 9 ans. J'ai débuté avec la musique classique, puis mon intérêt pour le jazz est venu vers 14 ans. Le jazz me parlait beaucoup, surtout en raison de l'improvisation, de son côté très créatif et « dans le moment ». Il y a toutefois un parallèle intéressant à faire entre le jazz et la musique classique. C'est presque comme parler deux langues. Il peut s'agir de la même phrase, mais le rythme, les accents toniques, le flow musical changent. Ma musique est peut-être ce mélange de musique classique contemporaine et d'improvisation jazz avec son côté groovy.

Y a-t-il des musiciens montréalais qui ont fortement influencé votre pratique?
J'ai eu d'excellents professeurs à l'Université McGill. Ce que je trouve tripant, c'est que j'ai l'occasion de jouer avec plusieurs d'entre eux de plus en plus souvent. Je pense entre autres à Rémi Bolduc, Frank Lozano, André Leroux qui sont pour ainsi dire mes mentors.

Quelle est la différence entre jouer à Montréal et à New York, par exemple ?
Montréal offre un bel équilibre entre la folie new-yorkaise et la tranquillité. Je le constate puisque j'ai vécu à New York pendant trois ans et que j'y retourne au moins deux fois par année. Il est pratiquement impossible pour un musicien de jazz de gagner sa vie là-bas. C'est très contingenté ; il s'y trouve tellement de musiciens et très peu d'endroits où jouer. C'est plus facile pour moi de vivre à Montréal. Les conditions de vie sont meilleures et le climat plus détendu. Et puis Montréal demeure assez proche de New York. Depuis les cinq dernières années, j'ai collaboré de nombreuses fois avec des artistes new-yorkais que j'ai fait venir ici. Ça permet d'ajouter du piquant à la scène montréalaise, de partager cette musique avec des invités internationaux et de montrer qu'elle est très vivante ici.

Quels plus beaux souvenirs de concerts jazz à Montréal gardez-vous en mémoire?
Ma tournée avec le quatuor avec trois saxophonistes new-yorkais a été un super beau projet. Un des saxophonistes du groupe, David Liebman, a déjà joué avec Miles Davis, entre autres. C'est un bonhomme de 68 ans qui est toujours aussi passionné de musique et qui raconte des anecdotes incroyables de l'âge d'or du jazz, une période que je n'ai inévitablement pas connue.

Le jazz était d'ailleurs très populaire à cette période. Qui est le public de jazz aujourd'hui?
Le jazz attire des gens de tous les milieux. Mais la difficulté avec ce genre de musique, c'est qu'elle est très peu représentée dans les médias. Les musiciens sont parfois laissés à eux même, comme si leur devoir était non seulement de pratiquer et de faire évoluer cette musique, mais aussi de la défendre. Ce qui me surprend toutefois, c'est que peu importe la complexité du matériel présenté, des gens, qui ne connaissent rien à la musique, apprécient beaucoup. Quand on sort et qu'on voit les musiciens interagir entre eux, avec le public selon l'endroit où ils jouent, ça change tout. Parce que le jazz est une musique qui se vit live, et c'est pourquoi le jazz gagne à être connu.

No comments:

Post a Comment